Etienne n'en revenait toujours pas que cela ait pu avoir lieu dans sa petite ville tranquille de Lille, et surtout en plein match de foot. On vit sur les écrans le désarroi d' Andersky, le joueur russe qui confia à la presse que son ami lui avait intimé l'ordre de garder le silence et de ne pas ébruiter sa visite, qu'il viendrait le voir jouer, comme il le lui avait promis, mais qu'à cause du climat et des élections il n'avait pas pu le faire avant. Andersky, connaissant les menaces qui pesaient sur son ami n'avait rien dit de sa venue, et c'est ainsi que l'homme d'affaire s'assit en Présidentiel comme un supporter lambda.
On en apprit guère plus sur le drame qui s'était joué à Lille, et Etienne décida qu'il était temps de regagner son lit. Quant à Vincent, si sa douce voisine lui avait fait faux bond pour la sortie d'après-match, elle ne le déçut pas lorsqu'il rentra chez lui. Elle avait gardé ses clés et l'attendait nue dans un fauteuil en cuir...ce qui réveilla Vincent ! Eux deux ne se couchèrent pas de suite, comme vous l'imaginez.
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A un millier de kilomètre de là, une jeune femme se réveillait, dans un lit qu'elle ne connaissait pas quelque part dans le sud de la France. C'était une grande chambre bien aménagée, aux meubles anciens qui laissaient penser qu'elle était dans un corps de ferme languedocien. La bouche sèche, elle tenta de prononcer quelques mots à un individu planté face à elle, sur une chaise, vêtu d'une blouse blanche.
-Il est trop tôt, vous devez encore dormir, une longue route vous attend demain ou après-demain. Allez dormez maintenant, on vous expliquera tout cela à votre réveil, vous n'êtes pas en danger.
-Mais, où suis-je, pourquoi me gardez-vous ? Ai-je été enlevée ? Est-ce que ma fille...dit-elle juste avant de s'évanouir à nouveau. Une fleur se fana.
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Huit heure, en ce dimanche de novembre, et Etienne ne parvient plus à dormir, malgré l'alcool de la veille, malgré la fatigue de la semaine passée, déçu de ne pas savoir se rendormir, il décida d'aller acheter l'Equipe et La Voix du Nord au kiosque de la rue voisine. Il envoya, en s'habillant, un sms à son ami lui indiquant qu'à son réveil s'il n'avait rien prévu avec sa « cavalière nocturne», il pouvait l'appeler si l'envie le prenait de manger un vrai truc chaud, et pas dans un Mc Do !
Les deux journaux n'apprirent rien de nouveau concernant le drame de la veille, ils se contentaient de relater ce que la télé avait déjà annoncé, avec une interview dans le quotidien du Nord d'Andersky, qui traduisait sa peine de perdre un ami rencontré quand il effectuait son service militaire à St Petersbourg, deux ans auparavant . L'homme d'affaire était même le parrain de sa fille née en Juillet, alors même qu' Andersky et l'équipe russe venait d'être couronnés champion d' Europe.
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